INTERVIEW DE ANTHONY STEWART HEAD TIREE DU GUIDE OFFICIEL 1
Avez-vous un souvenir favori de la série, devant les caméras ou en coulisses ? Oui, dans « La face cachée ». Etant anglais, jai eu un peu de mal à faire remonter mes émotions. Jai toujours eu une bonne technique, mais pleurer sur commande reste une chose très difficile. Dans une scène avec Sarah, je devais dire que je savais pas chasser le démon sans tuer Jenny, et jétais tellement dedans que jai éclaté en sanglots. Depuis, je nai plus de problèmes. Cétait un moment marquant pour moi en tant quacteur, même si les producteurs ont utilisé une prise un peu moins larmoyante. Vous savez pourquoi ? Joss ne veut pas en faire trop ce côté-là, pour ne pas quon laccuse de sentimentalisme. Daprès lui, il suffisant de voir les larmes remplir les yeux dun personnage ; il ne veut pas quelles coulent sur les joues. Si lacteur fait bien son boulot, les spectateurs extrapolent à partir de là. Un autre exemple, dans « La boule de Thésulah, après avoir attaqué Angel, jai sangloté sans verser une larme. Normal : à ce moment-là, Giles est au bout du rouleau, vidé de tout. Une partie des gens qui étaient sur le plateau avant la prise ont dû séloigner. Ils trouvaient embarrassant de voir pleurer un homme. Du coup, Joss a fait étouffer le bruit de mes sanglots : il ne voulait pas saliéner les téléspectateurs. La frontière est très mince entre lémouvant et le ridicule, mais je lui tire mon chapeau : il a un instinct infaillible quand il sagit de savoir ce qui touchera les gens. Avez-vous des cicatrices, des tatouages ou dautres formes distinctives ? Quand javais 7 ans, je suis tombé dun réservoir à charbon et je me suis cassé le nez. Cétait en Angleterre, dans les années 60 ; beaucoup de maisons se chauffaient encore au charbon. Je jouais dans le jardin avec mes amis et jai sauté sur ce réservoir, qui devait mesurer un mètre cinquante de haut. Mon pied est passé à travers la couvercle, et jai atterri sur le béton. Doù la forme un peu particulière de mon nez. Plus tard, jincarnais un m échant et jessayais de menfuir. La scène était filmée en trois parties ; dans chacune, mes poursuivants me rapprochaient. Comme une andouille, javais suggéré que je pouvais tourner la tête pour voir où ils étaient, ce qui me ralentissait forcément. Le réalisateur a pensé que cétait une bonne idée. Mais jai perdu léquilibre, et mes jambes se sont dérobées. En faisant un roulé-boulé comme on mavait appris à lécole dart dramatique, je me suis déboîté lépaule. Jaurais pu me faire opérer, mais je ne pouvais pas me permettre davoir un bras en écharpe pendant deux ou trois mois. Dans la vie réelle, portez-vous des lunettes ? Je suis astigmate. Jai besoin de verres correcteurs pour conduire et pour aller au cinéma ou au théâtre. Je trouve que cela se voit, à lécran, quand les acteurs portent de fausses lunettes. En principe, jutilise des lentilles de contact, sauf quand elles reflètent la lumière pendant une prise particulière, auquel cas je mets une paire de lunettes à verres plats antireflet. Mais jessaye déviter autant que possible. Est-ce que cela affecte votre vision ? Un peu. Hier soir, je suis allé faire une partie de bowling, et ma boule narrêtait pas de filer dans la gouttière. Jai pensé que je devrais peut-être mettre mes lunettes. Soudain, jy voyais. Cal dit, ça na pas tellement amélioré mes performances Sur le plateau, je dois faire comme si Giles portait des doubles foyers. Mon ordonnance est pour la myopie, alors que Giles se sert de ses lunettes pour lire. Lautre jour, dans un film, jai vu quelquun enlever les siennes pour lire, et jai trouvé ça très cool. Ca fait partie des petites choses quon amène avec soi sur le plateau et qui enrichissent votre jeu. Dans une scène avec Alyson, jai pensé que je pourrais manger une pomme quun étudiant aurait apporté à Giles. Je suis en train de mâchouiller quand Alyson me donne un prisme de cristal ayant appartenu à Jenny ; soudain, je pose la pomme dun geste mécanique, comme si elle métait complètement sortie de la tête. Pour donner vue à un personnage, il ne faut pas se contenter des indications du scénario. Autrement dit, vous faites partie de ce quon appelle les acteurs méthodistes ? Je ne sus pas sûr de connaître la signification de ce mot, mais il est facile de trouver des petites pour saider à rentrer dans la peau dun personnage. Pour une scène de torture, je voulais une truc qui me fasse me sentir vraiment mal à laise. Jai demandé à Jeri, qui était infirmière autrefois. Elle a eu lidée des piments. Jai acheté les plus forts que jai pou trouver, et ça a marché au delà de mes espérances. Je transpirais, je tremblais Cétait affreux et super à la fois. Ma seule inquiétude, cétait de mettre le feu à Robia et Juliet quand elles membrassaient ! Parfois, le réalisateur se contente de dire : « Jai besoin que tu sois là. Trouve-toi quelque chose à faire ». Lautre jour, par exemple, il mont collé derrière le bureau parce que ça les arrangeait pour tourner une scène. Mais tous mes partenaires étaient à lautre bout de la bibliothèque et Buffy allait faire une grande révélation. Je crois que cétait dans « La boule de Thésulah », quand elle raconte quAngel est venu dans sa chambre. Bref, jai décidé de tamponner ladresse du lycée dans des ouvrages de la bibliothèque. Comme ça, quand Sarah est entrée, je lai rejointe en tenant encore le tampon à la main. Cest le genre de choses qui donnent vie à une scène. Il ne fait pas hésiter à jouer avec les accessoires. Parlez-moi de la scène où Giles découvre le cadavre de Jenny Joss est un génie. Je pensais que ça serait mieux si on ne voyait pas Angel tuer Jenny et si on laissait durer le suspenses pendant la coupure publicitaire. « Alors, il la fait ou pas ? ». Puis on aurait vu quelquun entrer dans lappartement de Giles et on aurait cru que cétait Jenny, jusquà ce quon la retrouve morte. Mais Joss pensaient que les spectateurs se sentiraient encore plus mal à laise sils savaient avant. Et il avait raison. Interview tirée du Guide Officiel n°1 et transcrite par Aeris ©Fox |
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